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Allègre, l’imposteur

mpOC | Posté le 21 avril 2011

Chroniques de livres

Sylvestre Huet, L’imposteur, c’est lui. Réponse à Claude Allègre, Stock, 2010, 186 p.

Dans les années ’90, les médias accordaient peu d’attention à la question du réchauffement climatique, ne lui réservant au mieux que quelques entrefilets dans les journaux. Une majorité de citoyens attendaient une preuve scientifique avant d’éventuellement « y croire ». De rapports en rapports depuis 1988, et grâce à son excellent travail, le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (Giec) a fini par lever les doutes avec son rapport de 2007 : oui, il y a bel et bien un réchauffement climatique très probablement d’origine anthropique.

Depuis ce moment-là, la presse en a fait ses choux gras. La cause du climat avait-elle définitivement gagné ? Non, car une contre-offensive, baptisée « climato-sceptique », s’est mise en place à l’échelon international, appuyée en sous-main par les lobbies des énergies fossiles, dont le sinistre Carbon club aux États-Unis. Hélas, elle a marqué des points. En France, elle est principalement portée par Claude Allègre et Vincent Courtillot, deux scientifiques de renom, mais dont les prises de position politiques sont très critiquables, tout comme le sont également leurs spéculations scientifiques, ainsi que l’explique Sylvestre Huet, journaliste à Libération spécialisé dans la question climatique. Il a pris la peine de répondre point par point au livre d’Allègre L’imposture climatique, qui s’est quand même vendu à plusieurs dizaines de milliers d’exemplaires.

La presse française est à plat ventre devant l’ancien ministre de l’éducation nationale car il « fait de l’audimat », paraît-il. Dans un total déni de déontologie, Allègre multiplie dans son (médiocre) essai les accusations mensongères et les insultes à l’égard de la communauté des climatologues (qui pratiquerait le « totalitarisme scientifique »), les erreurs d’appréciation, jusqu’aux graphiques grossièrement trafiqués pour leur faire dire ce qu’ils ne veulent pas dire. Et dans le genre, son copain Courtillot n’est pas en reste. Ces personnages se présentent comme les « nouveaux Galilée » qui auraient raison seuls contre tous, arguant d’un principe épistémologique juste, mais en le manipulant d’une manière rhétorique. Leurs gesticulations seraient risibles si elles ne jetaient pas le doute sur une réalité, paralysant les décideurs pour prendre les mesures d’urgence qui s’imposent. Ainsi, ils découragent un effort collectif destiné à éloigner des dangers bien réels.

L’auteur dévoile les enjeux (géo)politiques qui se cachent derrière le dossier climatique. On voit ainsi mieux émerger le tableau d’ensemble. Contrairement à ce que d’aucun prétendent, la thèse du réchauffement climatique dérange les capitalistes. Grâce à cet essai, les climato-sceptiques viennent de recevoir un salutaire coup d’arrêt. Merci, Sylvestre Huet !

Bernard Legros

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