Accueil > Communiqués > Europe : l’impossible croissance verte
mpOC | Posté le 4 février 2013
Demain aura lieu au parlement européen un débat sur la responsabilité écologique, sociale et éthique des entreprises. Le Mouvement politique des objecteurs de croissance partage avec la commission parlementaire européenne des affaires juridiques et la commission parlementaire de l’emploi l’entièreté du constat qui est fait que les entreprises ont un impact non négligeable sur la bonne marche de nos sociétés et qu’une série de mauvaises pratiques sont nocives pour le bien commun. La manière dont le débat est posé, par contre, nous laisse pantois.
Il s’agirait de promouvoir une série de bonnes pratiques, et encore, celles-ci devraient être peu contraignantes de peur de diminuer l’emploi. Lorsqu’on voit l’attitude de Monsieur Mittal à Liège, nous nous demandons comment il est possible de croire que les facilités données à une entreprise (quotas de CO², intérêts notionnels…) permettent de créer des emplois pérennes.
Pour nous, le débat est fondamentalement biaisé de par la manière dont il est formulé. Les diminutions de gaz à effet de serre sont loin de ce qu’elles devraient être pour limiter le réchauffement climatique, puisqu’il est désormais hors de question de l’éviter. Nous atteignons un pic dans l’exploitation des matières premières, dont on voit la fin des ressources durant ce siècle-ci. Pétrole, mais aussi cuivre, fer, uranium… sont concernés. La situation sociale est dramatique, les inégalités au sein de l’Union européenne s’accroissent sans arrêt. Dans les pays du sud de l’Europe, la situation est dramatique. Nous pensons que dans ce cadre, parler de croissance, c’est-à-dire d’augmentation de la production et de la consommation est inapproprié. En tant que citoyens européens, nous souhaiterions poser le débat dans les termes de partage des richesses et des ressources, en limitant le réchauffement climatique.
Une décroissance de la production et de la consommation n’implique pas le chômage. Il eut fallu pour cela que la croissance apporte de l’emploi, ce qui n’a pas été le cas depuis les années 1970. Une relocalisation de la production et de la consommation ainsi que le partage du temps de travail nous semblent des mesures plus réalistes que de continuer à faire semblant de croire que tout peut continuer comme avant en promouvant juste de bonnes pratiques à des entreprises dont le seul but, ne l’oublions pas, est de faire le plus de profit possible et non de promouvoir le bien commun.
Marie-Eve Lapy-Tries, pour le Mouvement politique des objecteurs de croissance