Mouvement politique des objecteurs de croissance (mpOC) – 2009-2022

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L’Escargot déchaîné n° 21

mpOC | Posté le 25 septembre 2014

« L’Europe représente 7% de la population mondiale, 20% du PIB mondial et 50% des dépenses mondiales de sécurité sociale. Il faut au minimum 2% de croissance pour que notre modèle fonctionne. »

Pascal Lamy,
Ancien président de l’OMC , membre du PS français
In La Libre 25/06/2014

« La meilleure amie de la protection sociale, c’est la croissance. »

Alexander De Croo
Président de l’Open VLD, ancien vice-Premier ministre
In La Libre 11/07/2014

Ces citations, venant tant de la gauche du spectre électoral que de la droite, sont tirées de la presse dominante ce dernier trimestre.

Elles traduisent bien un des arguments majeurs utilisés par le courant de la pensée économique classique selon laquelle la croissance est indispensable pour maintenir notre qualité de protection sociale.

Insidieusement, ce genre de phrases traduit le fait que la population occidentale se compose d’enfants gâtés pour qui seule une poursuite de la course à la croissance peut être une porte de sortie.

Pour convaincre une quantité importante de personnes du bien-fondé du courant de pensée de la décroissance, il nous faut trouver une réponse satisfaisante à cette question centrale : qui est « comment garantir une protection sociale dans une société décroissante ? »

Et cette réponse doit éviter de tomber dans le phénomène du TINA (« There is no alternative »), – argument souvent utilisé par les utra-libéraux mais également repris par des penseurs décroissants à court d’arguments – mais plutôt dans une réponse positive où la population marque son envie d’adhérer à un projet plus prometteur. A contrario, si le mouvement de l’objection de croissance ne trouve pas de réponse positive à cette question, nos opposants garderont toujours une longueur d’avance dans le maintien de la course à la croissance lorsqu’ils avanceront l’argument social. Et cela, jusqu’à ce qu’il soit trop tard pour aboutir à une décroissance choisie. Nous vivrons alors tous une décroissance subie dans laquelle l’aspect social risque d’avoir un rôle des plus mineurs.

Des pistes existent.

Ainsi, le mpOC s’est prononcé en faveur de la nécessité de faire advenir un nouveau pacte social : http://www.objecteursdecroissance.be/IMG/pdf/ag.2012.11.18_pacte_social_def.pdf., à travers notamment la proposition de « dotation inconditionnelle d’existence », l’instauration progressive d’un revenu inconditionnel d’existence individuel et inaliénable, pouvant inclure des dotations inconditionnelles. Cette proposition rejoint les idées de nos voisins français qui ont entamé une série de rencontres autour de leur « Manifeste pour une dotation inconditionnelle d’autonomie ».

Cette réflexion doit s’enrichir encore et trouver les voies pour sa concrétisation La conférence de Serge Latouche du 1er octobre, compte tenu de son titre « Construire l’avenir avant ou après l’effondrement ? », pourra nous permettre, nous l’espérons, de continuer à construire une réponse. Plus d’informations dans ce numéro de L’Escargot déchaîné.

Bref, la question de la protection sociale est d’emblée difficile à traiter pour un décroissant. Et pourtant, nous ne pouvons pas l’escamoter, car un autre mode de vie est indispensable, bien entendu, d’abord pour la survie même des écosystèmes de notre planète, mais également pour une protection sociale de qualité. L’un ne peut pas aller sans l’autre.

François Lapy, coordinateur du Conseil politique

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